12 Le Kunstgebäude
Wilhelmstraße 9, 72074 Tübingen
Le Kunstgebäude, situé dans le bâtiment de l’ancienne collection des Antiquités, était une vitrine de la politique culturelle en zone d’occupation française pendant les années d’après-guerre.
Le bâtiment néo-classique d’archéologie ancienne, achevé en 1846, fut planifié en même temps que la Neue Aula. Il fut aménagé et agrandi à plusieurs reprises à partir des années 1870. Avant la Seconde Guerre mondiale, il accueillit l’institut de l’hygiène et la collection antique de la faculté d’archéologie. Pendant la guerre, des travailleurs forcés polonais, russes et probablement aussi français furent retenus prisonniers dans ses sous-sols.
Après la guerre, cet endroit devint pendant une courte période un lieu phare pour les Beaux-Arts. De l’automne 1945 au printemps 1949, le Kunstgebäude présenta un total de 23 expositions qui attirèrent environ 110 000 visiteurs. Ces derniers y virent la première exposition Otto Dix présentée en Allemagne depuis 1930, ainsi que les œuvres d’artistes allemands représentants de l’art moderne. C’est toutefois l’exposition « chefs d’œuvres des musées de Cologne et de la Staatsgalerie de Stuttgart », qui remporta le plus grand succès avec ses 42 000 visiteurs durant six mois. Les pièces exposées, issues de neuf siècles d’histoire de l’art, avaient été évacuées vers le sud du Wurtemberg pour les protéger des dommages de la guerre. C’est ainsi que l’exposition put voir le jour. Avec le théâtre, le cinéma et la musique, les Beaux-Arts devinrent l’une des préoccupations majeures de la politique culturelle à Tübingen. La Kunsthalle et son administrateur Gustav Adolf Rieth poursuivaient aussi un but pédagogique. Ils voulaient en particulier familiariser les Allemands avec l’art « dégénéré », qui était auparavant proscrit par les nazis. Il est difficile de dire dans quelle mesure ces efforts payèrent. De nombreux visiteurs se sont probablement sentis un peu dépassés par ces œuvres.
Le Kunstgebäude ferma ses portes en mai 1949. Les ambitieux projets d’ouverture d’une Staatsgalerie à Tübingen avortèrent. Après la réforme monétaire, l’argent se faisait rare. Le nombre de visiteurs recula fortement. En outre, l’université réclamait le bâtiment pour l’institut d’archéologie avec une ardeur croissante. Ce n’est qu’en 1971 qu’un lieu d’exposition pour les Beaux-Arts vit le jour à Tübingen, la Kunsthalle. Aujourd’hui, le bâtiment d’archéologie ancienne contient des salles de séminaires et des bureaux administratifs de l’université.
Lukas Kuhn
Pour plus d’informations
Edgar Lersch, « Das Kulturleben in der Stadt Tübingen vom Zusammenbruch bis zur Währungsreform (1945–1948) », in : Zeitschrift für Württembergische Landesgeschichte 43 (1984), p. 327–354.