2 La Marktplatz
Am Markt, 72070 Tübingen
Sous l’occupation, la Marktplatz devint un lieu phare des rencontres entre Français et Tubingeois.
Sur la Marktplatz de Tübingen, l’héritage le plus visible de l’occupation française est la fontaine de Neptune. Les origines de cette fontaine remontent au 17e siècle. En 1617, Heinrich Schickhardt revint d’un voyage en Italie avec un croquis de l’imposante fontaine de Neptune à Bologne dans sa valise. Celle-ci fut reproduite en grès pour la Marktplatz de Tübingen. La fontaine s’éroda fortement à travers le temps, et au début du siècle dernier, les voix plaidant en faveur d’une rénovation se multiplièrent. Ce furent finalement les occupants français qui firent restaurer la fontaine de Neptune en symbole de la reconstruction et de la réconciliation franco-allemande. On chargea la Württembergische Metallwaren-Fabrik (WMF), une entreprise de Geislingen spécialisée dans l’argenterie et la métallurgie, de la galvanoplastie. Le gouvernement militaire mit à disposition de l’entreprise des armes usagées confisquées à la Wehrmacht. C’est le sculpteur tubingeois Heinrich Krauß qui édifia le bassin de la fontaine en tuffeau. Le 3 juillet 1948, Adolf Hartmeyer, maire de Tübingen, inaugura officiellement la fontaine.
La Marktplatz était aussi l’un des lieux principaux de rencontre entre occupants et occupés. Plusieurs bâtiments furent provisoirement utilisés par les forces d’occupation françaises. L’hôtel Lamm qui occupait le bâtiment de l’actuelle maison paroissiale de l’église protestante servit brièvement de siège au commandement militaire local pendant l’après-guerre. On ouvrit en outre un Économat français au numéro 12 de la Marktplatz, dans l’ancien grand magasin Euler. Dans le même temps, la place fut utilisée pour les annonces et manifestations publiques. Ainsi, à la fin de l’été 1945, un groupe de jeunes acteurs mit en scène une représentation en plein air de Roméo et Juliette qui fut très acclamée. Ce furent les préludes de la création du théâtre municipal de Tübingen.
Yannick Lengkeek et Therese Dichgans
Pour plus d’informations
Udo Rauch et Antje Zacharias (dir.), Sieben Jahre Landeshauptstadt. Tübingen und Württemberg-Hohenzollern 1945 bis 1952, Tübingen, Kulturamt, 2002, p. 112–114.
Adolf Hartmeyer (1886–1953) fut maire de Tübingen de 1946 à 1948. Cet imprimeur que les nationaux-socialistes avaient interdit d’exercer sa profession adhéra à la Demokratische Vereinigung (regroupement démocratique) après la fin de la guerre. En 1946, cet homme politique de la SPD fut nommé maire et confirmé dans ses fonctions lors des élections municipales de novembre. Il travailla en particulier à améliorer la situation alimentaire ainsi que la crise du logement. (F.R.)