20 Le « Foyer »

Travaux sur le terrain de l’ancien « Foyer »
Travaux sur le terrain de l’ancien « Foyer », automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le « Foyer » sur le Blaue Brücke, vers 1957
Le « Foyer » sur le Blaue Brücke, vers 1957, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
Le « Foyer » en construction, 1955
Le « Foyer » en construction, 1955, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

20 Le « Foyer »

Friedrichstraße 12, 72072 Tübingen

À partir de 1955, le « Foyer » fit office de restaurant, de cinéma et d’hôtel. De simples soldats français et de nombreux Tubingeois s’y retrouvaient.

En 1955, on construisit un grand complexe pour la garnison française à hauteur du Blaue Brücke. Ce bâtiment édifié dans le style de la Nouvelle Objectivité s’implanta bientôt à Tübingen sous le nom de « Foyer ». Il servait à la fois de restaurant, de cinéma et d’hôtel, comprenant 80 lits. Il reprenait la fonction de restaurant de garnison qu’avait eue depuis 1945 l’hôtel Ochsen. Ce dernier, situé au croisement de la Friedrichstraße et de la Karlstraße, céda sa place à un nouveau bâtiment, l’actuel magasin de mode Zinser. Pendant de nombreuses années, le « Foyer » servit de cantine aux simples soldats français.

Certes, dans les premiers temps, le « Foyer » ne fut accessible qu’aux militaires français. Mais rapidement, plus personne ne demanda de pièce justificative aux clients. À douze heures tapantes, le patron ouvrait son restaurant. Le « Foyer » accueillait des soldats français mais aussi des membres de l’administration, des juges et des magistrats. Ils profitaient de la cuisine française et du bon vin à un prix avantageux. Dans les années 1980, la plupart des habitués étaient allemands, tout comme les personnels de service et de ménage, recrutés localement. Comme le mess des officiers sur le Neckar, le Foyer devint un lieu de rencontres interculturelles entre Tubingeois et Français.

Le bâtiment connut une période mouvementée après le départ de la garnison française. Le « Foyer » resta vide pendant de nombreuses années et tomba à l’abandon. Des travaux furent engagés pour construire une maison de la culture avec une salle de concert sur le terrain adjacent, puis arrêtés après le retrait des investisseurs. À partir de 2006, le rez-de-chaussée et le sous-sol du « Foyer » servirent de discothèque. En 2012, la ville fit raser le bâtiment et les ruines qui le jouxtaient et vendit le terrain. Les Tubingeois n’ont pas su reconnaître la valeur architecturale du « Foyer », dont l’apparence avait été décrite comme au « croisement de celle d’un marchand de glace et d’un hall de gare » par le Schwäbisches Tagblatt, un quotidien local. En tant que lieu à la française où l’on se réunissait librement, le « Foyer » a malgré tout conservé une image positive dans la mémoire collective.

Fabian Raßmann, Ann-Cathrin Witte et Johannes Großmann

Pour plus d’informations

Annemarie Hopp et Bernd-Jürgen Warneken (dir.), Feinde, Freunde, Fremde. Erinnerungen an die Tübinger « Franzosenzeit », Tübingen, Kulturamt, 1995, p. 101–104.

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