24 Les quartiers d’habitation français
Huberstraße 5, 72072 Tübingen
Après la construction de plusieurs quartiers d’habitation pour les militaires français, les derniers logements confisqués à Tübingen furent rendus à leurs propriétaires au milieu des années 1950.
La crise du logement était l’un des problèmes les plus sensibles des années d’occupation. Dans l’immédiat après-guerre, il fallait non seulement héberger les bureaux et les personnes qui travaillaient dans l’administration militaire, mais également celles qui travaillaient pour le Land du Wurtemberg-Hohenzollern. C’est dans ce but que l’on confisqua de nombreux bâtiments et logements. Les Tubingeois délogés se disputaient les espaces d’habitation restants avec les personnes évacuées, les anciens travailleurs forcés, les personnes déplacées et les personnes expulsées des territoires de l’Est. À ces personnes s’ajoutèrent les étudiants de l’université qui avait rouvert ses portes à la fin de l’année 1945. En 1951, encore 421 logements et 31 bâtiments (dont de nombreuses corporations étudiantes) étaient confisqués. Jusqu’en 1960, tous les espaces habitables de la ville furent exploités et distribués de manière centralisée.
Afin d’atténuer la crise du logement, on bâtit 16 immeubles pour les militaires français et leurs proches, à proximité immédiate de la caserne Loretto dans la Stuttgarter Straße et dans la zone comprise entre la Hechinger Straße et la Steinlach, affluent du Neckar. Après leur construction au milieu des années 1950, les derniers logements confisqués furent libérés. Tandis que les simples soldats et les recrues astreintes au service militaire vivaient entre les murs de la caserne, les immeubles en-dehors de la caserne étaient surtout occupés par les officiers et sous-officiers ainsi que leurs familles. Leurs enfants étaient scolarisés au Hechinger Eck et à l’école française ouverte en 1955. Les quartiers d’habitation français, délimités très clairement, furent considérés par les Tubingeois comme une bulle de l’autre côté du Neckar avec laquelle ils n’avaient guère de contact au quotidien. Avec la réduction de la garnison française, des locataires allemands emménagèrent dans quelques-uns des immeubles. Pourtant, on ne développa pas réellement de contacts plus étroits entre Français et Allemands. Avec le retrait des troupes françaises, les immeubles devinrent des maisons d’habitation normales. Aujourd’hui, plus rien ne rappelle leur fonction d’origine.
Lukas Kuhn
Pour plus d’informations
Annemarie Hopp et Bernd Jürgen Warnecken (dir.), Feinde, Fremde, Freunde. Erinnerungen an die Tübinger « Franzosenzeit », Tübingen, Kulturamt, 1995, p. 31–34.