8 Le « Museum »
Am Stadtgraben 2, 72074 Tübingen
Dans le « Museum » eurent lieu les premières représentations théâtrales et cinématographiques d’après-guerre, avec le soutien du gouvernement militaire français.
La traditionnelle société des musées, qui était initialement un simple cercle de lecture, s’est peu à peu transformée en un forum de citoyens cultivés qui promouvaient la littérature, le théâtre et la musique. En 1822, la société emménagea dans un nouveau bâtiment classique, au Stadtgraben. Le « Museum », élargi et réaménagé plusieurs fois, devint un centre de la vie culturelle de la ville avec ses salles de théâtre, de concert et de cinéma.
Ainsi, il n’est pas surprenant que la première représentation théâtrale d’après-guerre à Tübingen ait eu lieu au « Museum » le 14 août 1945. Un groupe d’étudiants joua Pygmalion de George Bernard Shaw et La cruche cassée de Heinrich von Kleist. Sur la Marktplatz, une jeune troupe d’acteurs présenta Roméo et Juliette en plein air, représentation qui fut à l’origine de la création du théâtre municipal. Celui-ci commença son activité sous la direction de Günther Stark le 19 octobre. C’est ainsi que Tübingen posséda le premier théâtre de son histoire. Dans la troupe, il y avait des célébrités du théâtre et du cinéma de l’époque telles Erika von Thellmann et Elisabeth Flickenschildt. Carlo Schmid soutenait et encourageait le théâtre. Sa réécriture de Mañana serà otro dia de Pedro Calderón fut représentée pour la première fois en janvier 1946. En 1950, le théâtre municipal devint le Landestheater (théâtre régional) du Wurtemberg-Hohenzollern.
Le cinéma « Museum » reprit lui aussi son activité, le 18 août 1945. On diffusa des films allemands et français. Deux mois plus tôt déjà, le 17 juin, un premier concert de musique de chambre avait eu lieu dans la salle des fêtes de la Neue Aula. L’orchestre de chambre de la ville tout juste créé inaugura sa première saison le 11 novembre. Des œuvres classiques mais aussi contemporaines comme celles de Paul Hindemith et Harald Genzmer étaient au programme. Les expositions du Kunstgebäude attirèrent par ailleurs rapidement des dizaines de milliers de visiteurs.
La culture fut en effet un élément constitutif de la politique sécuritaire des Français. Les occupants voulaient faire des Allemands de bons démocrates en les formant et en les rééduquant. En même temps, ils espéraient gagner du prestige face aux autres puissances d’occupation. En tant que capitale du Land, Tübingen devint la vitrine de cette politique. Des observateurs contemporains reprochèrent toutefois au gouvernement militaire un activisme culturel qui masquait la dureté de leur politique d’occupation.
Johannes Großmann et Thomas Theurer
Pour plus d’informations
Edgar Lersch, « Das Kulturleben in der Stadt Tübingen vom Zusammenbruch bis zur Währungsreform (1945–1948) », in : Zeitschrift für Württembergische Landesgeschichte 43 (1984), p. 327–354.
Carlo Schmid (1896–1976) fut l’un des acteurs politiques les plus influents de la période d’après-guerre à Tübingen. Ce juriste né en France était membre de la Demokratische Vereinigung et encouragea fortement la dénazification de l’université et de l’administration. En décembre 1946, cet homme politique de la SPD devint responsable pour la justice et président du secrétariat d’État du Land de Wurtemberg-Hohenzollern. Il fut plus tard l’un des « pères » de la République fédérale d’Allemagne. (C.M./F.R./J.G.)