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28 Le Französisches Viertel

Ancien hangar des chars dans le quartier français, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Ancien hangar des chars dans le quartier français, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le quartier français Maud’Huy dans l’ancienne caserne Hindenburg, carte postale d’époque en couleurs
Le quartier français Maud’Huy dans l’ancienne caserne Hindenburg, carte postale d’époque en couleurs
Cérémonie d’hommage de drapeaux dans le quartier Maud’Huy, vers 1960, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
Cérémonie d’hommage de drapeaux dans le quartier Maud’Huy, vers 1960, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

28 Le Französisches Viertel

Aixer Straße 68, 72072 Tübingen

L’ancienne caserne Hindenburg fut utilisée par l’armée d’occupation française dès 1945. Après 1991, l’un des quartiers d’habitation les plus modernes de Tübingen vit le jour à cet endroit.

Dans le quartier de Tübingen que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « Französisches Viertel » (quartier français) se trouvait à l’origine une caserne de la Wehrmacht. Elle fut inaugurée en 1935 sous le nom de « Burgholz-Kaserne » et rebaptisée en 1938 « Hindenburg-Kaserne ». Le complexe comportait 10 bâtiments communautaires de trois étages ainsi que des écuries et des dépendances. Il y avait encore 25 autres bâtiments entre la Reutlinger Straße et la ligne de tramway ; aujourd’hui cet endroit correspond au quartier Depot-Areal. Deux jours seulement avant l’invasion des troupes françaises, la caserne Hindenburg fut bombardée par les Alliés et partiellement détruite.

Comme toutes les autres casernes de la ville, la Hindenburg-Kaserne fut confisquée par les autorités d’occupation en 1945 puis remise en état pour accueillir le 12ème Régiment de Cuirassiers. Le terrain fut divisé entre le Quartier Desazars de Montgailhard et le Quartier Maud’huy. Le Quartier Maud’huy servit au 24ème Régiment de Chasseurs entre 1960 et 1991, année du retrait des forces armées françaises. Il y eut par moments jusqu’à 2000 soldats français basés dans la caserne. La garnison utilisait pour s’entraîner le terrain d’exercice de Wankheimer Täle où la population tubingeoise pouvait également observer les soldats.

Avant même le retrait définitif des troupes de Tübingen, la municipalité et le conseil municipal discutèrent des différentes possibilités de réutilisation de la caserne. Finalement, en 1994, on se décida pour un concept moderne d’urbanisme. Les anciens bâtiments qui servaient à conserver le matériel militaire et les écuries sont aujourd’hui utilisés par des artisans. Les bâtiments où logeaient les soldats servent aujourd’hui de résidences étudiantes, et l’ancienne halle des chars est désormais utilisée comme terrain de jeu couvert et comme parcours d’initiation au code de la route pour les écoles. Les week-ends on y organise des marchés aux puces, des fêtes et des concerts. Dans les grands espaces vides entre les bâtiments des anciennes casernes, on a construit des blocs d’habitation collective et des terrains de jeu pour enfants. On a également trouvé une nouvelle dénomination à cet espace, dans le cadre d’un concours organisé par les habitants, le nom « Französisches Viertel », qui rappelle l’époque de la garnison française. Les noms des rues renvoient aussi au passé « français » et au jumelage avec la ville d’Aix-en-Provence, qui existe depuis 1960.

Jonathan Schilling, Gabriel Bock et Johannes Großmann

Pour plus d’informations

Annemarie Hopp et Bernd-Jürgen Warneken (dir.), Feinde, Freunde, Fremde. Erinnerungen an die Tübinger « Franzosenzeit », Tübingen, Kulturamt, 1995, p. 19–28.

Armin Scharf et Matthias Gütschow (dir.), Französisches Viertel Tübingen, Regensburg, Stadtwandel Verlag, 2015.

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27 La Französische Schule

La Französische Schule, automne 2015
La Französische Schule, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
La Französische Schule, vue sur la caserne Loretto et l’Österberg, 1956
La Französische Schule, vue sur la caserne Loretto et l’Österberg, 1956, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
La pose des premières pierres de la Französische Schule, juillet 1954
La pose des premières pierres de la Französische Schule, juillet 1954, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

27 La Französische Schule

Galgenbergstraße 86, 72072 Tübingen

Suite à la construction d’un nouveau bâtiment pour l’école française en 1955, on libéra la Wildermuth-Schule confisquée depuis la fin de la guerre.

En 1955, les enfants des membres des forces d’occupation françaises entrèrent dans leur nouvelle école Galgenbergstraße. La ville de Tübingen avait tout particulièrement soutenu sa construction, car la Wildermuth-Schule était réquisitionnée depuis 1945 pour les enfants des officiers et sous-officiers français. Le bâtiment, alors appelé Collège Decourdemanche, avait hébergé une école et un internat. Les écolières allemandes et les élèves du Gymnasium durent partager par roulement les bâtiments restants de l’école. Ainsi, la construction du nouveau bâtiment, réalisé par des architectes et entreprises allemands, représentait un soulagement considérable pour l’activité scolaire à Tübingen. En même temps, le nouveau bâtiment se trouvait à proximité directe des quartiers d’habitation français et de la caserne Loretto. On cessa de faire fonctionner l’internat. Les enfants purent habiter chez leurs parents.

Jusqu’en 1991, on y donna des cours en français en suivant les programmes scolaires français. À partir de l’année scolaire 1991/92, le bâtiment fut occupé par des classes des écoles des environs et progressivement rénové. À l’automne 1993, le conseil municipal de Tübingen décida de mettre en place un concept pédagogique conçu par un groupe d’enseignants et de parents engagés. L’un des principes de la Französische Schule actuelle est l’enseignement multi-âge. Depuis 2002, l’enseignement dure obligatoirement toute la journée. Lors de l’année 2012/13, l’école introduisit un « tronc commun » pour des enfants de tous âges qui prépare à différents diplômes de fin d’études.

Mis à part son nom, peu d’éléments rappellent le passé français du bâtiment scolaire. Aujourd’hui, on trouve seulement un écriteau resté dans le foyer de l’école portant l’indication « École Primaire Française ».

Therese Dichgans, Johannes Großmann et Jonathan Schilling

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26 Le local de la Légion étrangère

L’ancien monument aux morts de la Légion étrangère dans l’Alexanderpark
L’ancien monument aux morts de la Légion étrangère dans l’Alexanderpark, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Cérémonie devant le monument aux morts de la Légion étrangère
Cérémonie devant le monument aux morts de la Légion étrangère, années 1980, photographe : Georg Wrost, droits : Archives municipales de Tübingen
Local de l’Amicale des Anciens de la Légion Étrangère dans l’ancienne chambre funéraire de l’hôpital de garnison
Local de l’Amicale des Anciens de la Légion Étrangère dans l’ancienne chambre funéraire de l’hôpital de garnison, avant sa démolition en 2007, photographe : Udo Rauch, droits : Archives municipales de Tübingen

26 Le local de la Légion étrangère

Alexanderstraße 48, 72072 Tübingen

Le « Texas Bar » servait de centre de recrutement pour les jeunes hommes qui voulaient entrer dans la Légion étrangère. Différents acteurs de Tübingen s’y opposèrent.

Une association des anciens de la Légion étrangère existait à Tübingen depuis octobre 1945. L’Amicale des Anciens de la Légion Étrangère regroupait environ 300 membres. Leur local occupait l’ancienne chambre funéraire de l’hôpital de garnison dans l’Alexanderstraße. Le monument commémoratif dans le parc à côté de l’entrée du bâtiment était décoré avec la grenade aux sept flammes de la Légion étrangère. L’une des plaques commémoratives honorait au total 25 légionnaires et soldats qui étaient tombés lors de la prise de Stuttgart en avril 1945 et avaient été inhumés à Tübingen.

Le local de l’association, appelé communément « Texas Bar », et célèbre pour proposer de l’alcool à bas prix, devint un pôle d’attraction pour les jeunes hommes. Certains d’entre eux se mettaient ensuite en contact avec le service de la Légion étrangère de la gendarmerie française voisine. D’après des témoins, certains jeunes ainsi enrôlés étaient ensuite conduits en voiture jusqu’à la caserne de la Reutlinger Straße où ils enfilaient des uniformes français avant d’être emmenés en France en passant par Donaueschingen et Fribourg.

Le nombre de recrues fit un bond avec la guerre d’Indochine et les insurrections en Afrique du Nord au milieu des années 1950, ce qui engendra des protestations à Tübingen. L’organisation des jeunes de la SPD avertissait ainsi par voie d’affichage pour mettre en garde contre les « enlèvements » par la Légion. La Kreisliga der freien Wohlfahrtspflege et l’Union Chrétienne des Jeunes Gens affirmèrent avoir fait renoncer 232 adolescents à un engagement dans la Légion étrangère entre mai 1954 et avril 1955. Parmi eux, 14 % venaient de l’Allemagne fédérale, 28 % étaient des Heimatvertriebene (expulsés des anciens territoires orientaux du Reich), et 58 % des personnes qui avaient fui l’Allemagne de l’Est. D’après les services sociaux de la ville, leurs motifs étaient variés : besoin de courir le monde, soif d’aventure, conflit avec les parents, rupture avec leur mère des jeunes hommes de père inconnu, situation matérielle critique et « angoisse existentielle » suite à des chagrins d’amour, altercations ou crimes mineurs. Après la fin du statut d’occupation en mai 1955, la situation se décrispa. Il existait toutefois des endroits secrets où l’on pouvait postuler pour la Légion étrangère, comme la baraque de la Sûreté française sur la Neckarbrücke, aujourd’hui devenue le bâtiment de l’office du tourisme.

En juillet 2007, l’Amicale libéra les locaux de l’association qui furent remplacés par un bloc d’habitations. Il reste aujourd’hui encore le monument aux morts de la Légion étrangère ceint de chaînes dans l’Alexanderpark. Son ancien usage est aujourd’hui méconnaissable.

Johannes Großmann

Pour plus d’informations

Fred Keicher, « Die Legion stirbt, aber geht sie unter ? », in : Tübinger Blätter 96 (2010), p. 36–39.

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25 Le Loretto-Viertel

Lorettoplatz, automne 2015
Lorettoplatz, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le « Quartier Zimmer » français dans les bâtiments de l’ancienne caserne Loretto, carte postale d’époque
Le « Quartier Zimmer » français dans les bâtiments de l’ancienne caserne Loretto, carte postale d’époque
Photographie aérienne de la caserne Loretto et des environs, après 1922
Photographie aérienne de la caserne Loretto et des environs, après 1922, photographe : Heinz Riediger, droits : Archives municipales de Tübingen

25 Le Loretto-Viertel

Lorettoplatz, 72072 Tübingen

La caserne Loretto fut utilisée par les forces d’occupation françaises après 1945. Aujourd’hui, le quartier Loretto est l’incarnation même de la vie citadine moderne à Tübingen.

Sur le terrain de l’actuel Loretto-Viertel se trouvait jusqu’au début des années 1990 une caserne dont l’histoire remonte à la Première Guerre mondiale. La « Nouvelle Caserne » fut construite entre 1914 et 1916 et utilisée jusqu’en 1945 par la Reichswehr et la Wehrmacht. En 1938, elle fut renommée pour commémorer la bataille dite de Loretto qui eut lieu près de Lens et d’Arras. Cette bataille avait coûté la vie à dix mille soldats français et allemands entre mai et juillet 1915. Peu de temps après, elle était devenue un objet de glorification et de mythification nationaliste.

Suite à l’invasion de Tübingen par les Français, l’armée française reprit les casernes de la ville et les utilisa jusqu’en 1991. Les gardiens de la caserne et les techniciens de maintenance allemands continuèrent à y travailler. La caserne Loretto fut renommée « Quartier Zimmer » ; elle hébergeait des soldats et permettait de stocker le matériel militaire. De nouvelles institutions françaises apparurent autour de la caserne : de l’autre côté de la Hechinger Straße et au sud de la Stuttgarter Straße, on construisit des logements pour les militaires et leurs familles dans les années 1950. En 1955, le nouveau bâtiment de l’école française ouvrit dans la Galgenbergstraße.

Avec les autres casernes et quartiers d’habitation français, l’actuel quartier Loretto constitua un monde à part durant plus de quarante ans : les relations entre les appelés français et les Allemands allaient rarement au-delà de la politesse et l’accès à la caserne était interdit aux civils. Après le retrait des troupes, on mit en place des plans pour la réutilisation des espaces devenus libres et la mise en valeur de l’urbanisme du sud de la ville délaissé pendant longtemps. Aujourd’hui, le Loretto-Viertel et le Französisches Viertel font partie des lieux d’habitations les plus convoités de la ville. La plupart des nouveaux bâtiments du quartier Loretto furent construits sur l’ancienne place d’armes. L’ancien bâtiment de la caserne lui-même est utilisé par la Volkshochschule depuis 1998.

Lukas Kuhn

Pour plus d’informations

Annemarie Hopp et Bernd-Jürgen Warneken (dir.), Feinde, Freunde, Fremde. Erinnerungen an die Tübinger « Franzosenzeit », Tübingen, Kulturamt, 1995, p. 19–28.

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24 Les quartiers d’habitation français

Anciens quartiers d’habitation français
Anciens quartiers d’habitation français dans la Huberstraße, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Quartiers d’habitation français dans la Huberstraße, vers 1957
Quartiers d’habitation français dans la Huberstraße, vers 1957, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
Quartiers d’habitation des forces d’occupation dans la Stuttgarter Straße
Quartiers d’habitation des forces d’occupation dans la Stuttgarter Straße, depuis le Galgenberg, milieu des années 1950, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

24 Les quartiers d’habitation français

Huberstraße 5, 72072 Tübingen

Après la construction de plusieurs quartiers d’habitation pour les militaires français, les derniers logements confisqués à Tübingen furent rendus à leurs propriétaires au milieu des années 1950.

La crise du logement était l’un des problèmes les plus sensibles des années d’occupation. Dans l’immédiat après-guerre, il fallait non seulement héberger les bureaux et les personnes qui travaillaient dans l’administration militaire, mais également celles qui travaillaient pour le Land du Wurtemberg-Hohenzollern. C’est dans ce but que l’on confisqua de nombreux bâtiments et logements. Les Tubingeois délogés se disputaient les espaces d’habitation restants avec les personnes évacuées, les anciens travailleurs forcés, les personnes déplacées et les personnes expulsées des territoires de l’Est. À ces personnes s’ajoutèrent les étudiants de l’université qui avait rouvert ses portes à la fin de l’année 1945. En 1951, encore 421 logements et 31 bâtiments (dont de nombreuses corporations étudiantes) étaient confisqués. Jusqu’en 1960, tous les espaces habitables de la ville furent exploités et distribués de manière centralisée.

Afin d’atténuer la crise du logement, on bâtit 16 immeubles pour les militaires français et leurs proches, à proximité immédiate de la caserne Loretto dans la Stuttgarter Straße et dans la zone comprise entre la Hechinger Straße et la Steinlach, affluent du Neckar. Après leur construction au milieu des années 1950, les derniers logements confisqués furent libérés. Tandis que les simples soldats et les recrues astreintes au service militaire vivaient entre les murs de la caserne, les immeubles en-dehors de la caserne étaient surtout occupés par les officiers et sous-officiers ainsi que leurs familles. Leurs enfants étaient scolarisés au Hechinger Eck et à l’école française ouverte en 1955. Les quartiers d’habitation français, délimités très clairement, furent considérés par les Tubingeois comme une bulle de l’autre côté du Neckar avec laquelle ils n’avaient guère de contact au quotidien. Avec la réduction de la garnison française, des locataires allemands emménagèrent dans quelques-uns des immeubles. Pourtant, on ne développa pas réellement de contacts plus étroits entre Français et Allemands. Avec le retrait des troupes françaises, les immeubles devinrent des maisons d’habitation normales. Aujourd’hui, plus rien ne rappelle leur fonction d’origine.

Lukas Kuhn

Pour plus d’informations

Annemarie Hopp et Bernd Jürgen Warnecken (dir.), Feinde, Fremde, Freunde. Erinnerungen an die Tübinger « Franzosenzeit », Tübingen, Kulturamt, 1995, p. 31–34.

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23 Le Centre de rapatriement

Schellingstraße 9–11, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Schellingstraße 9–11, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Schellingstraße 9–11, après la fin de son utilisation comme blanchisserie de la garnison française, 1987, photographie et droits : Joachim Feist
Schellingstraße 9–11, après la fin de son utilisation comme blanchisserie de la garnison française, 1987, photographie et droits : Joachim Feist
Des travailleurs forcés polonais libérés
Des travailleurs forcés polonais libérés sont formés à devenir des agents de police auxiliaires et des gardes devant la caserne Thiepval, photographe : Neumann, droits : Archives municipales de Tübingen

23 Le Centre de rapatriement

Schellingstraße 9, 72072 Tübingen

Le Centre de rapatriement s’occupait du ravitaillement, de l’accompagnement et du rapatriement d’anciens prisonniers et de travailleurs forcés.

Lorsque les Alliés envahirent l’Allemagne, ils ne rencontrèrent pas uniquement la population locale. En effet, pendant la guerre, des millions de prisonniers et de travailleurs forcés venant de toute l’Europe avaient été déplacés de force en Allemagne. Un grand nombre d’entre eux ne pouvaient ni ne souhaitaient retourner dans leur pays d’origine, car ils y étaient menacés de discrimination ethnique ou de persécution politique. La gestion des personnes déplacées fut un vrai défi également à Tübingen. Les premiers prisonniers de guerre polonais arrivèrent à Tübingen dès l’automne 1939. En avril 1945, on comptait 1 610 travailleurs forcés dans la ville et 6 000 dans l’ensemble de l’arrondissement. Ils venaient principalement de Pologne, de France et d’Union Soviétique. Certains d’entre eux se livrèrent à des pillages et violences envers la population locale, en particulier dans les premiers jours qui suivirent la libération. À l’inverse, les travailleuses forcées furent souvent victimes de violences sexuelles exercées par les soldats d’occupation.

En réaction, le gouvernement militaire prit différentes mesures, recrutant d’anciens travailleurs forcés comme agents de police auxiliaire et gardes. On ouvrit un Centre de rapatriement derrière la caserne Thiepval à la Schellingstraße 9. Les étrangers qui y étaient inscrits y recevaient trois repas par jour. Trois salles étaient prévues pour les expositions et les manifestations. Au cours des premiers mois, de nombreuses personnes déplacées purent être rapatriées. Toutefois, à partir de septembre 1945, le nombre de personnes rapatriées recula fortement. À partir de ce moment, le Centre de rapatriement se consacra à la formation, à l’intégration des « travailleurs sans patrie » ainsi qu’à la régularisation de leurs contrats de travail. En avril 1946, le Centre fut délocalisé au 97 Wilhelmstraße, où l’on délivrait des laissez-passer et diffusait des offres d’emploi. En septembre 1948, au moins 800 personnes déplacées séjournaient encore dans le district de Tübingen. La plupart d’entre elles étaient lituaniennes, lettones, estoniennes et ukrainiennes et ne voyaient pas d’avenir en Union Soviétique.

Le bâtiment situé à la Schellingstraße 9 à 11 fut finalement utilisé pendant de nombreuses années comme blanchisserie de la garnison française. Après avoir été libéré, le bâtiment fut réaménagé dans les années 1980 et hébergea le commissariat de police du Land jusqu’en 2013.

Johannes Großmann et Ann-Cathrin Witte

Pour plus d’informations

Dorothée Guillemarre, « Vom Zwangsarbeiter zum ‘Heimatlosen Ausländer’. Displaced Persons im Landkreis Tübingen nach 1945 », in : Wolfgang Sannwald (dir.), Persilschein, Käferkauf und Abschlachtprämie. Von Besatzern, Wirtschaftswunder und Reformen im Landkreis Tübingen, Tübingen, Verlag Schwäbisches Tagblatt, 1998, p. 124–132.

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22 La caserne Thiepval

Caserne Thiepval
Caserne Thiepval, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Caserne Thiepval avec les drapeaux français, depuis la Hegelstrasse
Caserne Thiepval avec les drapeaux français, depuis la Hegelstrasse, photographe : Helmut Hell, droits : Archives municipales de Tübingen
Cérémonie d’adieux d’une unité française devant la caserne Thiepval, vers 1960
Cérémonie d’adieux d’une unité française devant la caserne Thiepval, vers 1960, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

22 La caserne Thiepval

Hegelstraße 1, 72072 Tübingen

La caserne de la Wehrmacht à l’entrée du sud de la ville fut investie par les occupants français en 1945, qui l’abandonnèrent dans les années 1970.

L’imposante caserne Thiepval, située à la jonction du sud de la ville de Tübingen, a connu une histoire mouvementée. Ce bâtiment fut construit entre 1873 et 1875 suite à la victoire de l’Allemagne sur la France et à l’unification de l’Empire. On construisit ce bâtiment avec plusieurs ailes, dans un style inspiré de la Renaissance italienne. C’était alors une caserne de la garnison royale du Wurtemberg. La ville attendait de cette caserne qu’elle lui procure une impulsion économique nouvelle et accroisse son prestige politique. En août 1914, les soldats partirent en guerre contre la France. L’enthousiasme des débuts, que l’on a observé à Tübingen également, fit bientôt place à la désillusion avec la guerre de position et ses millions de morts sur le front occidental.

L’Allemagne fut défaite et le traité de Versailles limita ses forces armées à 100 000 hommes. Suite à cela, on arrêta d’abord l’utilisation militaire de ce qu’on appela désormais l’« Ancienne Caserne » après la construction d’un nouveau bâtiment à usage militaire, la caserne Loretto. Elle servit alors de commissariat de police et de lieu d’habitation. Mais avec les politiques de révision et d’armement des nazis, la caserne reprit son activité dans les années 1930. Elle prit alors le nom de « Thiepval-Kaserne », ravivant ainsi la mémoire d’une bourgade située dans la Somme qui fut complètement détruite lors des batailles de la Première Guerre mondiale.

À l’été 1945, la caserne fut réutilisée par les forces d’occupation françaises. Deux régiments partagèrent d’abord le bâtiment avec d’anciens prisonniers de guerre et des travailleurs forcés. En 1978, la garnison française abandonna cet emplacement. Pendant une longue période, on se disputa le bâtiment. En 1980, des étudiants squatteurs s’installèrent dans une partie du bâtiment dégradé. De 1981 à 1989, l’aile principale servit de foyer pour des demandeurs d’asile et de centre d’accueil pour les Spätaussiedler (rapatriés tardifs de souche allemande). En 2002, le bâtiment fut assaini de fond en comble et réaménagé. Depuis, il accueille l’hôtel des impôts, la cour des comptes locale ainsi que plusieurs logements privés. L’ancienne place d’armes fut laissée telle quelle. On l’utilise occasionnellement pour de grandes manifestations municipales.

Thomas Theurer, Constantin März et Johannes Großmann

Pour plus d’informations

Matthias Möller (dir.), Still gestanden? Die Geschichte einer alten Kaserne, Tübingen, Förderverein Kulturdenkmal Schellingstraße 6, 2009.

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21 Le Collège Decourdemanche

Le Wildermuth-Gymnasium, automne 2015
Le Wildermuth-Gymnasium, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le retour de la Wildermuth-Schule à sa fonction d’école allemande, le 19 avril 1955
Le retour de la Wildermuth-Schule à sa fonction d’école allemande, le 19 avril 1955, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
Plantation d’arbres dans la cour de la Wildermuth-Schule à l’occasion de la réinstallation de l’école allemande, 19 avril 1955
Plantation d’arbres dans la cour de la Wildermuth-Schule à l’occasion de la réinstallation de l’école allemande, 19 avril 1955, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

21 Le Collège Decourdemanche

Derendinger Allee 8, 72072 Tübingen

Lors de la première décennie d’après-guerre, les enfants des soldats d’occupation allaient à l’école à la Wildermuth-Schule.

La Wildermuth-Schule, établissement d’enseignement secondaire pour filles, fut construite en 1927 et prit le nom d’Ottilie Wildermuth, une écrivaine de romans pour la jeunesse. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Wehrmacht occupa brièvement le bâtiment et s’en servit comme hôpital pour les blessés civils et militaires. Après avoir envahi la ville en 1945, les troupes françaises confisquèrent la Wildermuth-Schule. C’était l’école la plus moderne ; chaque salle de classe avait l’eau courante. On y installa alors le Collège Decourdemanche. Il s’agissait d’une école pour les enfants des soldats du sud de la zone d’occupation française.

Cet établissement prit le nom d’un militant communiste et germaniste français, Daniel Decourdemanche (son pseudonyme dans la résistance était Jacques Decour). Il avait lutté contre l’occupation allemande en France pendant la Seconde Guerre mondiale et été exécuté par les nationaux-socialistes en 1942. Un petit internat était affilié au collège. Les garçons dormaient dans des dortoirs situés dans l’école, tandis que les filles étaient logées dans la maison d’une corporation étudiante réquisitionnée.

Pendant ce temps, les collégiennes allemandes et le personnel enseignant de la Wildermuth-Schule durent se rabattre sur d’autres bâtiments. En 1955, dix ans après la fin de la guerre, une nouvelle école fut construite pour les enfants des soldats français et des employés administratifs. Elle était située dans le sud de la ville, sur le Galgenberg. Il s’agit de l’actuelle Französische Schule (école française).

Jonathan Schilling

Pour plus d’informations

Udo Rauch et Antje Zacharias (dir.), Sieben Jahre Landeshauptstadt. Tübingen und Württemberg-Hohenzollern 1945 bis 1952, Tübingen, Kulturamt, 2002, p. 33.

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20 Le « Foyer »

Travaux sur le terrain de l’ancien « Foyer »
Travaux sur le terrain de l’ancien « Foyer », automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le « Foyer » sur le Blaue Brücke, vers 1957
Le « Foyer » sur le Blaue Brücke, vers 1957, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
Le « Foyer » en construction, 1955
Le « Foyer » en construction, 1955, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

20 Le « Foyer »

Friedrichstraße 12, 72072 Tübingen

À partir de 1955, le « Foyer » fit office de restaurant, de cinéma et d’hôtel. De simples soldats français et de nombreux Tubingeois s’y retrouvaient.

En 1955, on construisit un grand complexe pour la garnison française à hauteur du Blaue Brücke. Ce bâtiment édifié dans le style de la Nouvelle Objectivité s’implanta bientôt à Tübingen sous le nom de « Foyer ». Il servait à la fois de restaurant, de cinéma et d’hôtel, comprenant 80 lits. Il reprenait la fonction de restaurant de garnison qu’avait eue depuis 1945 l’hôtel Ochsen. Ce dernier, situé au croisement de la Friedrichstraße et de la Karlstraße, céda sa place à un nouveau bâtiment, l’actuel magasin de mode Zinser. Pendant de nombreuses années, le « Foyer » servit de cantine aux simples soldats français.

Certes, dans les premiers temps, le « Foyer » ne fut accessible qu’aux militaires français. Mais rapidement, plus personne ne demanda de pièce justificative aux clients. À douze heures tapantes, le patron ouvrait son restaurant. Le « Foyer » accueillait des soldats français mais aussi des membres de l’administration, des juges et des magistrats. Ils profitaient de la cuisine française et du bon vin à un prix avantageux. Dans les années 1980, la plupart des habitués étaient allemands, tout comme les personnels de service et de ménage, recrutés localement. Comme le mess des officiers sur le Neckar, le Foyer devint un lieu de rencontres interculturelles entre Tubingeois et Français.

Le bâtiment connut une période mouvementée après le départ de la garnison française. Le « Foyer » resta vide pendant de nombreuses années et tomba à l’abandon. Des travaux furent engagés pour construire une maison de la culture avec une salle de concert sur le terrain adjacent, puis arrêtés après le retrait des investisseurs. À partir de 2006, le rez-de-chaussée et le sous-sol du « Foyer » servirent de discothèque. En 2012, la ville fit raser le bâtiment et les ruines qui le jouxtaient et vendit le terrain. Les Tubingeois n’ont pas su reconnaître la valeur architecturale du « Foyer », dont l’apparence avait été décrite comme au « croisement de celle d’un marchand de glace et d’un hall de gare » par le Schwäbisches Tagblatt, un quotidien local. En tant que lieu à la française où l’on se réunissait librement, le « Foyer » a malgré tout conservé une image positive dans la mémoire collective.

Fabian Raßmann, Ann-Cathrin Witte et Johannes Großmann

Pour plus d’informations

Annemarie Hopp et Bernd-Jürgen Warneken (dir.), Feinde, Freunde, Fremde. Erinnerungen an die Tübinger « Franzosenzeit », Tübingen, Kulturamt, 1995, p. 101–104.

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