Archives pour la catégorie Routes

Routes

20 Le « Foyer »

Travaux sur le terrain de l’ancien « Foyer »
Travaux sur le terrain de l’ancien « Foyer », automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le « Foyer » sur le Blaue Brücke, vers 1957
Le « Foyer » sur le Blaue Brücke, vers 1957, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
Le « Foyer » en construction, 1955
Le « Foyer » en construction, 1955, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

20 Le « Foyer »

Friedrichstraße 12, 72072 Tübingen

À partir de 1955, le « Foyer » fit office de restaurant, de cinéma et d’hôtel. De simples soldats français et de nombreux Tubingeois s’y retrouvaient.

En 1955, on construisit un grand complexe pour la garnison française à hauteur du Blaue Brücke. Ce bâtiment édifié dans le style de la Nouvelle Objectivité s’implanta bientôt à Tübingen sous le nom de « Foyer ». Il servait à la fois de restaurant, de cinéma et d’hôtel, comprenant 80 lits. Il reprenait la fonction de restaurant de garnison qu’avait eue depuis 1945 l’hôtel Ochsen. Ce dernier, situé au croisement de la Friedrichstraße et de la Karlstraße, céda sa place à un nouveau bâtiment, l’actuel magasin de mode Zinser. Pendant de nombreuses années, le « Foyer » servit de cantine aux simples soldats français.

Certes, dans les premiers temps, le « Foyer » ne fut accessible qu’aux militaires français. Mais rapidement, plus personne ne demanda de pièce justificative aux clients. À douze heures tapantes, le patron ouvrait son restaurant. Le « Foyer » accueillait des soldats français mais aussi des membres de l’administration, des juges et des magistrats. Ils profitaient de la cuisine française et du bon vin à un prix avantageux. Dans les années 1980, la plupart des habitués étaient allemands, tout comme les personnels de service et de ménage, recrutés localement. Comme le mess des officiers sur le Neckar, le Foyer devint un lieu de rencontres interculturelles entre Tubingeois et Français.

Le bâtiment connut une période mouvementée après le départ de la garnison française. Le « Foyer » resta vide pendant de nombreuses années et tomba à l’abandon. Des travaux furent engagés pour construire une maison de la culture avec une salle de concert sur le terrain adjacent, puis arrêtés après le retrait des investisseurs. À partir de 2006, le rez-de-chaussée et le sous-sol du « Foyer » servirent de discothèque. En 2012, la ville fit raser le bâtiment et les ruines qui le jouxtaient et vendit le terrain. Les Tubingeois n’ont pas su reconnaître la valeur architecturale du « Foyer », dont l’apparence avait été décrite comme au « croisement de celle d’un marchand de glace et d’un hall de gare » par le Schwäbisches Tagblatt, un quotidien local. En tant que lieu à la française où l’on se réunissait librement, le « Foyer » a malgré tout conservé une image positive dans la mémoire collective.

Fabian Raßmann, Ann-Cathrin Witte et Johannes Großmann

Pour plus d’informations

Annemarie Hopp et Bernd-Jürgen Warneken (dir.), Feinde, Freunde, Fremde. Erinnerungen an die Tübinger « Franzosenzeit », Tübingen, Kulturamt, 1995, p. 101–104.

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19 Le « Casino »

Le « Casino » sur le Neckar, automne 2015
Le « Casino » sur le Neckar, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le mess des officiers sur le Neckar, milieu des années 1950
Le mess des officiers sur le Neckar, milieu des années 1950, carte postale d’époque en couleurs
Le « Cercle des Officiers » de Tübingen : « Foyer » dans la Friedrichstraße, « Casino » dans la Wöhrdstraße avec son aménagement intérieur, carte postale d’époque en couleurs
Le « Cercle des Officiers » de Tübingen : « Foyer » dans la Friedrichstraße, « Casino » dans la Wöhrdstraße avec son aménagement intérieur, carte postale d’époque en couleurs

19 Le « Casino »

Wöhrdstraße 25, 72072 Tübingen

Le mess des officiers ou « Casino », situé au bord du Neckar, était un lieu de rencontres interculturelles entre membres de la bonne société.

En 1913, après dix mois de travaux, on ouvrit un mess pour les officiers à l’endroit où le Steinlach se jette dans le Neckar. Jusque-là, ce lieu où les officiers se restauraient se trouvait sur le Holzmarkt. La garnison était importante pour l’économie locale depuis que la caserne d’infanterie avait été édifiée en 1875 dans la Hegelstraße. En 1913, la ville de Tübingen avait pris à sa charge les trois quarts des coûts de construction du mess, qui s’élevaient au total à 60 000 marks-or. En 1927, on agrandit pour la première fois le mess en ajoutant un bâtiment annexe.

Les forces françaises occupèrent elles aussi le bâtiment. Elles l’utilisèrent comme mess et à des fins de représentation. C’est de cette époque que date la large façade de fenêtres à l’est, terminée en 1954. Ces locaux imposants et cossus, que l’on appela bientôt couramment « Casino », étaient tout autant un lieu de rencontres interculturelles que de distinction sociale. Être invité au « Casino » était un privilège dont peu de Tubingeois jouissaient. Dès 1954, des femmes d’officiers français et des dames issues de la bourgeoisie et de l’aristocratie locale s’y retrouvaient régulièrement en petits cercles pour prendre le thé. Ces dames y organisaient également des défilés de mode, des expositions et des soirées auxquels les conjoints étaient conviés. Le cercle franco-allemand, fondé en 1961, se constitua à partir de ce réseau. En revanche, le « Casino » resta un univers étranger aux Tubingeois lambda ainsi qu’aux simples soldats français, qui purent se rencontrer au « Foyer », proche de la Blaue Brücke, dès 1955.

Après 1991, ce bâtiment délabré fut dans un premier temps utilisé pour des manifestations diverses et variées. En présence d’une délégation d’Aix-en-Provence, ville jumelée avec Tübingen, des représentants de la ville y ouvrirent une « Maison d’Aix » en octobre 1992. Une partie des locaux fut louée par un restaurant indien. En 2006, le bâtiment fut réhabilité pour 2,7 millions d’euros. Si l’aspect extérieur du bâtiment resta quasiment inchangé, l’intérieur fut sensiblement modernisé et réorganisé. Aujourd’hui, le « Casino am Neckar » avec son Biergarten est un restaurant coté à la cuisine raffinée.

Ann-Cathrin Witte et Johannes Großmann

Pour plus d’informations

Michael Petersen, « Das Wirtshaus am Neckar », in : Tübinger Blätter 94 (2008), p. 7–10.

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18 La Rhenanenhaus

Rhenanenhaus, automne 2015
Rhenanenhaus, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Rhenanenhaus, mars 1927
Rhenanenhaus, mars 1927, photographes : frères Metz, droits : Haus der Geschichte Baden-Württemberg
Parade pour le départ du gouverneur Guillaume Widmer dans la Wilhelmstraße, 30 juin 1952
Parade pour le départ du gouverneur Guillaume Widmer dans la Wilhelmstraße, 30 juin 1952, photographe : Kleinfeldt, droits : Archives municipales de Tübingen

18 La Rhenanenhaus

Stauffenbergstraße 4, 72074 Tübingen

La Rhenanenhaus fut confisquée de 1945 à 1956 et servit notamment de résidence au gouverneur militaire du Wurtemberg-Hohenzollern.

Représentatif du style néo-gothique, le bâtiment qui accueille la corporation étudiante Rhenania fut construit selon les plans d’Adolf Katz en 1885/86. Ce bâtiment, à l’apparence d’un château médiéval, est situé sur l’Österberg en surplomb du Neckar. En 1945, il fut confisqué par les forces d’occupation. Jusqu’en 1952, il servit de lieu de résidence au gouverneur militaire français du Wurtemberg-Hohenzollern, le colonel Guillaume Widmer. Depuis les hauteurs de l’Österberg, on était à deux pas du palais de justice situé dans la Doblerstraße, où se trouvait le siège du gouvernement militaire français. L’écrivain français Michel Tournier, qui étudia à Tübingen à partir de 1946, décrivit Widmer comme un « véritable roi du Wurtemberg », qui menait un mode de vie féodal et emmenait volontiers ses invités à la chasse dans la région forestière du Schönbuch. Widmer fit transformer son « castelet au sommet de l’Osterberg » selon ses besoins. Il l’aménagea avec goût, notamment avec des meubles des châteaux de Bebenhausen et Hohenzollern.

Après le départ de Widmer de Tübingen en 1952, le bâtiment fut encore utilisé par les forces d’occupation françaises. Il servit dans un premier temps à héberger les étudiants boursiers français et fut baptisé « Maison de France ». Plus tard, il servit d’hôtel et de mess des officiers. Finalement, en 1956, la corporation Rhenania récupéra la maison. Le bâtiment fut très peu entretenu par les derniers Français qui l’utilisèrent. Ce ne fut qu’après d’importants travaux de rénovation que la maison put à nouveau être utilisée et reprendre sa vocation d’origine.

Au départ, le bâtiment se trouvait dans la Staufenstraße, qui fut rebaptisée en août 1945 en même temps que 70 autres rues et places de Tübingen. Le nouveau nom de la rue, Stauffenbergstraße, devait rappeler la mémoire du colonel von Stauffenberg, qui, d’après le bulletin du gouvernement militaire, « dût payer de sa vie sa courageuse révolte contre l’absurde prolongement de la guerre en 1944 ».

Bianca Hoffmann et Lukas Kuhn

Pour plus d’informations

Udo Rauch et Antje Zacharias (dir.), Sieben Jahre Landeshauptstadt. Tübingen und Württemberg-Hohenzollern 1945 bis 1952, Tübingen, Kulturamt, 2002, p. 29–31.

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Guillaume Widmer devant la Neue Aula
Guillaume Widmer devant la Neue Aula, détail d’une photo, droits : Schwäbisches Tagblatt

Guillaume Widmer (1906–1968) fut le gouverneur français du Wurtemberg-Hohenzollern de 1945 à 1952. Cet ancien banquier avait servi dans l’armée en Indochine entre 1939 et 1941. Plus tard, il résista activement contre l’occupation allemande. Sous son mandat, Tübingen devint le centre culturel et administratif du Wurtemberg-Hohenzollern. À partir de 1954, il travailla comme fonctionnaire au ministère français de la Défense. (F.R.)

Michel Tournier, été 1946
Michel Tournier, été 1946, détail de photo, photographie privée prise par Helmut Waller

Michel Tournier (1924–2016) fut un écrivain français. Il fut l’un des premiers civils français à venir en Allemagne après la guerre. Après avoir suivi une université d’été en 1946, il étudia plusieurs années à Tübingen. Lors de son séjour, son amitié avec son futur traducteur Helmut Waller fut particulièrement marquante. Il consigna ses souvenirs de la période dans son œuvre autobiographique, Le vent Paraclet. (J.F./F.R./M.O.)


17 Le Centre d’Études Françaises

L’institut Culturel Franco-Allemand
L’institut Culturel Franco-Allemand de Tübingen, automne 2015, photographe : Bernard Kleeschulte
Le Centre d’Études Françaises, 1952
Le Centre d’Études Françaises, 1952, photographe : Kleinfeldt, droits : Archives municipales de Tübingen
Le premier bâtiment du Centre d’Études Françaises dans la Normannenhaus
Le premier bâtiment du Centre d’Études Françaises dans la Normannenhaus (Stauffenbergstraße 21), à l’époque de la photo, la maison servait d’internat pour jeunes filles des organisations du parti national-socialiste, carte postale der frères Metz, droits : Haus der Geschichte Baden-Württemberg

17 Centre d’Études Françaises

Doblerstraße 25, 72074 Tübingen

Dans le Centre d’Études Françaises, les Tubingeois pouvaient apprendre le français, assister à des conférences et lire des ouvrages français.

Le Centre d’Études Françaises fut une réalisation particulièrement durable de la politique culturelle française à Tübingen. Fondé le 4 novembre 1946, il était d’abord une annexe de l’Institut Français en Allemagne de Fribourg. Sous son premier directeur, Émile Callot, le Centre d’Études Françaises mit en place un programme culturel ambitieux dans la résidence confisquée de la corporation étudiante Normannia, à la Stauffenbergstraße 21. La population tubingeoise s’intéressait surtout aux cours de français de trois niveaux différents proposés par de jeunes enseignants français. Environ 300 élèves s’y inscrivirent dès le premier semestre d’hiver 1946/47. La pièce maîtresse de la maison était une grande bibliothèque avec deux salles de lecture. Une à deux fois par mois, on organisait des soirées lors desquelles des invités français présentaient des exposés sur la littérature, le théâtre, la philosophie ou l’art.

À partir d’octobre 1948, la vocation universitaire du Centre s’intensifia sous le nouveau directeur René Cheval. Celui-ci noua un lien étroit avec l’université et le département de langues romanes. Peu de temps après, le Centre d’Études Françaises fut concurrencé par la création d’un institut culturel français à Stuttgart, auquel le gouvernement militaire français donna bientôt sa préférence du fait de sa situation géographique. Le Centre d’Études Françaises dut transférer la totalité des fonds de sa bibliothèque vers Stuttgart. Certes, on put éviter la dissolution qui menaçait. Mais le Centre de Tübingen dut désormais être maintenu en état de fonctionner avec des moyens financiers nettement réduits. C’est notamment la raison pour laquelle le Centre déménagea dans l’ancien palais princier à la Doblerstraße 25, le 1er juillet 1952.

À partir de ce moment, le Centre d‘Études Françaises s’engagea tout particulièrement pour le rapprochement franco-allemand au niveau de la société civile. Il participa activement à la vie culturelle de la ville et soutint le jumelage entre Tübingen et Aix-en-Provence lancé en 1960. Lorsque l’ambassade française réduisit ses subventions annuelles, la municipalité de Tübingen finança sans plus attendre le Centre à hauteur de cinquante pour cent. Le Centre d’Études Françaises, devenu Institut Culturel Franco-Allemand, est aujourd’hui encore un médiateur actif de la culture française à Tübingen.

Ann-Cathrin Witte et Matthieu Osmont

Pour plus d’informations

Stefan Zauner, « Gründung und Anfänge des Französischen Kulturinstituts in Tübingen (1946–1951) », in : Franz Knipping et Jacques Le Rider (dir.), Frankreichs Kulturpolitik in Deutschland, 1945–1950. Ein Tübinger Symposium, Tübingen, Attempto, 1985, p. 265–274.

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René Cheval, 1946
René Cheval, 1946, détail d’une photo, photographie : Rotophot, droits : Archives municipales de Reutlingen

René Cheval (1918–1986) était un germaniste français. Il arriva à l’âge de 26 ans seulement à Tübingen, en 1945. En tant qu’officier de liaison, il s’occupa de la dénazification de l’université et veilla à donner un nouveau souffle aux échanges académiques. En tant que directeur du Centre d’Études Françaises, il coopéra étroitement avec le séminaire de langues romanes de l’université dès 1948. En 1951, il fut le premier directeur de l’Institut Français de Stuttgart. (M.O./F.R.)


16 Le palais de justice

Le palais de justice dans la Doblerstraße
Le palais de justice dans la Doblerstraße, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le palais de justice dans la Doblerstraße, avant 1957
Le palais de justice dans la Doblerstraße, avant 1957, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen
Le siège du gouvernement du Land dans l’ancien Deutsches Institut für Ärztliche Mission, Nauklerstraße 47, scan d’un album de la ville de Tübingen pour Viktor Renner, vers 1952, droits : Archives municipales de Tübingen
Le siège du gouvernement du Land dans l’ancien Deutsches Institut für Ärztliche Mission, Nauklerstraße 47, scan d’un album de la ville de Tübingen pour Viktor Renner, vers 1952, droits : Archives municipales de Tübingen

16 Le palais de justice

Doblerstraße 14, 72074 Tübingen

Le palais de justice était le siège du gouvernement militaire français. En 1946, on y installa le Secrétariat d’État du Wurtemberg-Hohenzollern.

Le palais de justice de Tübingen fut construit dans le style néo-renaissance entre 1902 et 1905, d’après les plans d’Albert Berger. La symbolique de ce bâtiment impressionnant en tant que lieu de justice et de représentation n’explique qu’en partie pourquoi les Français en ont fait le siège de leur gouvernement militaire en septembre 1945. Effectivement, ce sont des considérations pratiques qui ont été décisives dans ce choix. En effet, après que Stuttgart fut attribuée à l’armée américaine en juillet 1945, le gouvernement militaire français s’installa d’abord à Freudenstadt, ville pourtant fortement détruite et qui n’offrait que peu de locaux adéquats. Le choix des Français se porta finalement sur Tübingen, qui s’avéra particulièrement appropriée avec ses infrastructures restées quasi intactes et ses bâtiments administratifs. De nombreuses institutions durent en revanche trouver une nouvelle demeure. Ainsi, le tribunal régional et le tribunal de première instance furent transférés du palais de justice vers la Neue Aula.

Le manque de locaux disponibles à Tübingen s’accentua lorsqu’une première administration centrale du Land fut installée dans la cour d’assises du palais de justice le 16 octobre 1945. Cette administration s’appelait « Secrétariat d’État pour la région du Wurtemberg et du Hohenzollern occupée par les Français », ce qui ne laisse aucun doute quant au fait que les fonctionnaires allemands devaient simplement exécuter les ordres des forces d’occupation. Malgré tout, on posa ainsi les bases d’une future administration du Wurtemberg-Hohenzollern. Carlo Schmid dirigeait ce Secrétariat d’État. En tant que « directeur régional de la justice, des cultes, de l’art et de l’éducation », il contribuait en outre à la conception et à la mise en œuvre des directives françaises. Le Secrétariat d’État déménagea ensuite à la Nauklerstraße 47. Ce n’est qu’en novembre 1956 que l’administration allemande put reprendre pleinement possession du palais de justice, situé dans la rue qui avait pris le nom du « sauveur de Tübingen », la Doblerstraße (autrefois appelée la Kaiserstraße).

Yannick Lengkeek

Pour plus d’informations

Wilfried Schöntag, « Das Land Württemberg-Hohenzollern 1945–1952 », in : Hansmartin Schwarzmaier et Meinrad Schaab (dir.), Handbuch der baden-württembergischen Geschichte, vol. 4 : Die Länder seit 1918, Stuttgart, Klett-Cotta, 2003, p. 441–476.

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Carlo Schmid en campagne politique
Carlo Schmid en campagne politique, photographie privée prêtée par Martin Schmid

Carlo Schmid (1896–1976) fut l’un des acteurs politiques les plus influents de la période d’après-guerre à Tübingen. Ce juriste né en France était membre de la Demokratische Vereinigung et encouragea fortement la dénazification de l’université et de l’administration. En décembre 1946, cet homme politique de la SPD devint responsable pour la justice et président du secrétariat d’État du Land de Wurtemberg-Hohenzollern. Il fut plus tard l’un des « pères » de la République fédérale d’Allemagne. (C.M./F.R./J.G.)

Theodor Dobler
Theodor Dobler, photographie prêtée par la famille Dobler

Theodor Dobler (1893–1973) était médecin du service de santé militaire à Tübingen. Avec d’autres personnes, il refusa d’obéir à l’appel à résister coûte que coûte. C’est d’ailleurs en partie grâce à son rôle déterminant que Tübingen resta épargnée des dommages de la guerre et fut livrée à l’armée française sans combat. Dès 1945, une rue de Tübingen sur l’Österberg prit son nom. À partir de 1946, il dirigea la maison de repos Auf dem Sand. (F.R.)


15 L’hôpital militaire Auf dem Sand

L’ancien hôpital du quartier Sand
L’ancien hôpital du quartier Sand, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
L’ancien hôpital du quartier Sand, vue de l’Österberg
L’ancien hôpital du quartier Sand, vue de l’Österberg, photographes : frères Metz, droits : Haus der Geschichte Baden-Württemberg
L’église orthodoxe roumaine St. Georg
L’église orthodoxe roumaine St. Georg, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte

15 L’hôpital militaire Auf dem Sand

Drosselweg 10, 72076 Tübingen

L’ancien hôpital Auf dem Sand de la Wehrmacht fut utilisé comme hôpital militaire français jusqu’en 1982.

Dans le cadre de préparatifs secrets à la guerre, la Wehrmacht construisit un hôpital militaire entre 1937 et 1940. Celui-ci se trouvait sur la colline du Denzenberg dans le quartier de Lustnau. Ce long bâtiment jaune, construit d’après les plans de Hans Herkommer, dominait la ville, marquant ainsi le paysage urbain de Tübingen. Lors de la Seconde Guerre mondiale, cet hôpital fut le lieu de travail de Theodor Dobler. Cet homme très respecté, que l’on nomma plus tard le « sauveur de la ville de Tübingen », travaillait dans des conditions très difficiles au sein d’un hôpital surpeuplé.

Après la fin de la guerre, l’armée d’occupation française installa à son tour un hôpital militaire dans ces bâtiments modernes qui prit le nom d’hôpital Émile Roux. Sur le même site, le 10 mars 1946, la maison de repos pour les blessés graves de la guerre entra en service sous la direction de Theodor Dobler. C’était un établissement de premier plan à l’échelle nationale pour le traitement des lésions cérébrales. Les Français utilisaient l’aile gauche du bâtiment (vu de la vallée), les Allemands l’aile droite. Dans les années 1950, on créa à proximité immédiate le lotissement Eberhard Wildermuth pour les personnes expulsées des territoires allemands perdus en 1945 et pour les Tubingeois dont les logements avaient été confisqués par les Français.

Lorsque l’hôpital français ferma en 1982, la Bundeswehr s’installa dans le bâtiment. En 1986, la maison de repos fut fermée définitivement. Dès 1990, une partie de la faculté d’informatique Wilhelm Schickard de l’Université de Tübingen s’y installa. Aujourd’hui, le bâtiment accueille également les facultés d’astronomie et de criminologie. La chapelle de l’hôpital, construite en 1946, est utilisée aujourd’hui comme lieu de culte par la paroisse orthodoxe roumaine St. Georg.

Jonathan Schilling

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Theodor Dobler
Theodor Dobler, photographie prêtée par la famille Dobler

Theodor Dobler (1893–1973) était médecin du service de santé militaire à Tübingen. Avec d’autres personnes, il refusa d’obéir à l’appel à résister coûte que coûte. C’est d’ailleurs en partie grâce à son rôle déterminant que Tübingen resta épargnée des dommages de la guerre et fut livrée à l’armée française sans combat. Dès 1945, une rue de Tübingen sur l’Österberg prit son nom. À partir de 1946, il dirigea la maison de repos Auf dem Sand. (F.R.)


14 Le Leibniz Kolleg

Le Leibniz Kolleg, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le Leibniz Kolleg, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Des étudiants dans le Leibniz Kolleg, 1954, photographe : Kleinfeldt, droits : Archives municipales de Tübingen
Des étudiants dans le Leibniz Kolleg, 1954, photographe : Kleinfeldt, droits : Archives municipales de Tübingen
L’ancienne Deutsche Burse, devenue depuis 1948 le Leibniz Kolleg
L’ancienne Deutsche Burse, devenue depuis 1948 le Leibniz Kolleg, photographe : Kleinfeldt, droits : Archives municipales de Tübingen

14 Le Leibniz Kolleg

Brunnenstraße 34, 72074 Tübingen

Le Leibniz Kolleg préparait de jeunes bacheliers à des études supérieures en suivant l’un des principes de la politique de rééducation française : démocratiser à travers l’éducation.

Le Leibniz Kolleg, internat interdisciplinaire, fut créé en 1948. Il s’installa dans la Deutsche Burse construit par Paul Schmitthenner en 1928, un foyer pour les Allemands originaires des territoires de l’Est perdus en 1918. Aujourd’hui, le Leibniz Kolleg propose aux bacheliers indécis d’étudier différentes matières. Mais cette idée n’est apparue qu’au début des années 1950. Au cours des premières années, le Leibniz Kolleg avait une autre mission : élargir l’horizon intellectuel et préparer à un cursus plus spécialisé les personnes qui n’avaient pas encore pu s’inscrire à l’université mais faisaient preuve de qualités exceptionnelles.

Le gouvernement militaire français soutint la mise en place du Leibniz Kolleg, qu’il voyait comme une réponse à l’échec de l’éducation et des sciences sous le national-socialisme. La maison dispensait des cours et était administrée par les étudiants eux-mêmes ; elle visait ainsi à former les jeunes gens au libre-arbitre et à leur transmettre des valeurs démocratiques comme la tolérance, la liberté, le courage d’exprimer ses opinions et le courage civique. Le Leibniz Kolleg, en tant qu’instrument de rééducation, était censé avoir des effets directs sur l’université et contribuer à la naissance d’une nouvelle classe dirigeante politique et intellectuelle en Allemagne qui plaiderait pour une compréhension entre la France et l’Allemagne.

Dans la période d’après-guerre, des institutions similaires naquirent dans d’autres villes allemandes, comme le Collegium Academicum à Heidelberg. Ayant été réintégré dans l’administration centrale de l’Université de Tübingen en 2016, le Leibniz Kolleg de Tübingen est l’une des seules institutions de ce type encore existantes à ce jour.

Andreea Minca

Pour plus d’informations

Michael Behal (dir.), Studium generale, studium sociale. Das Leibniz-Kolleg 1948–1998, Tübingen, Leibniz Kolleg, 1998.

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13 Le commandement militaire régional

Wilhelmstraße 24
Wilhelmstraße 24, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
Le commandement militaire français de l’arrondissement, Wilhelmstraße 24, octobre 1945
Le commandement militaire français de l’arrondissement, Wilhelmstraße 24, octobre 1945, photographes : frères Metz, droits : Haus der Geschichte Baden-Württemberg
Bâtiment de la direction locale du parti national-socialiste avec des drapeaux aux croix gammées
Bâtiment de la direction locale du parti national-socialiste avec des drapeaux aux croix gammées, Wilhelmstraße 24, photographe : Eugen Rühle, droits : Archives municipales de Tübingen

13 Le commandement militaire régional

Wilhelmstraße 24, 72074 Tübingen

L’ancien siège de la direction régionale du parti national-socialiste devint le siège du gouverneur militaire français pour l’arrondissement de Tübingen.

Jusqu’en avril 1945, le bâtiment situé à la Wilhelmstraße 24 avait accueilli la direction locale du parti national-socialiste. Pendant la période d’occupation, il servit de siège au commandement militaire français pour l’arrondissement de Tübingen. Le gouvernement militaire entendait exercer un contrôle strict sur les administrations allemandes, y compris aux niveaux les plus bas de la hiérarchie. Pour les autorités militaires, le contrôle principal s’exerçait au niveau des arrondissements. Les commandants d’arrondissement ou « délégués du cercle » étaient donc particulièrement importants. La tâche qui leur incombait était de contrôler les Landräte allemands (représentants des arrondissements). Ils recueillaient des informations, observaient l’état d’esprit de la population allemande et veillaient à ce que les instructions du gouvernement militaire soient appliquées. En outre, ils exerçaient des fonctions de représentation, se rendaient aux séances des conseils municipaux et prenaient part à la vie de la société. De par leurs contacts réguliers avec diverses instances et représentants allemands, les délégués du cercle avaient une certaine compréhension des problèmes urgents touchant la population locale. Souvent, ils défendaient les intérêts locaux auprès des membres plus haut placés dans la hiérarchie du gouvernement militaire et pointaient avec fermeté les problèmes et les erreurs de parcours. Leur travail a été en général reconnu et estimé, également de la part des Allemands. Ainsi, par leur rôle de médiateur, les délégués du cercle ont joué un rôle important dans le rapprochement entre les peuples français et allemand.

Les titulaires de cette fonction à Tübingen furent nombreux. Le mandat le plus long fut celui du colonel Henri Brochu, d’août 1947 à décembre 1950. À son départ, on pouvait lire dans le Schwäbisches Tagblatt : « C’est un ami qui s’en va ». Leur mission se termine avec la fin du statut d’occupation. À la Wilhelmstraße 24 se trouve désormais l’Ordnungsamt de la ville de Tübingen (service administratif en charge des questions d’ordre et de sécurité publique).

Lukas Kuhn

Pour plus d’informations

Wolfgang Sannwald, « Trikolore, Kreisgouverneur und kahle Wälder. Die französische Militärverwaltung und der Landkreis Tübingen », in : idem (dir.), Persilschein, Käferkauf und Ab-schlachtprämie. Von Besatzern, Wirtschaftswunder und Reformen im Landkreis Tübingen, Tübingen, Verlag Schwäbisches Tagblatt, 1998, p. 41–60.

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Henri Brochu, vers 1950
Henri Brochu, vers 1950, détail d’une photo, photographe : Alfred Göhner, droits : Archives municipales de Tübingen

Henri Brochu fut gouverneur en charge du district de Tübingen de 1947 à 1950. Il cultivait de bonnes relations avec la population locale et défendait une étroite collaboration entre les Allemands et les Français. On lui sait gré de son engagement pour ses administrés lors de la pénurie alimentaire de 1947. (F.R/ P.H)

12 Le Kunstgebäude

Bâtiment d’archéologie ancienne
Bâtiment d’archéologie ancienne, automne 2015, photographe : Bernhard Kleeschulte
L’entrée du Kunstgebäude de Tübingen Wilhelmstraße, 1946
L’entrée du Kunstgebäude de Tübingen Wilhelmstraße, 1946, photographe : Carl Näher, droits : Archives municipales de Reutlingen
Affiche pour l’exposition « Chefs d‘œuvre retrouvés »
Affiche pour l’exposition « Chefs d‘œuvre retrouvés » dans le Kunstgebäude, du 22 septembre au 1er décembre 1946, droits : Archives municipales de Tübingen

12 Le Kunstgebäude

Wilhelmstraße 9, 72074 Tübingen

Le Kunstgebäude, situé dans le bâtiment de l’ancienne collection des Antiquités, était une vitrine de la politique culturelle en zone d’occupation française pendant les années d’après-guerre.

Le bâtiment néo-classique d’archéologie ancienne, achevé en 1846, fut planifié en même temps que la Neue Aula. Il fut aménagé et agrandi à plusieurs reprises à partir des années 1870. Avant la Seconde Guerre mondiale, il accueillit l’institut de l’hygiène et la collection antique de la faculté d’archéologie. Pendant la guerre, des travailleurs forcés polonais, russes et probablement aussi français furent retenus prisonniers dans ses sous-sols.

Après la guerre, cet endroit devint pendant une courte période un lieu phare pour les Beaux-Arts. De l’automne 1945 au printemps 1949, le Kunstgebäude présenta un total de 23 expositions qui attirèrent environ 110 000 visiteurs. Ces derniers y virent la première exposition Otto Dix présentée en Allemagne depuis 1930, ainsi que les œuvres d’artistes allemands représentants de l’art moderne. C’est toutefois l’exposition « chefs d’œuvres des musées de Cologne et de la Staatsgalerie de Stuttgart », qui remporta le plus grand succès avec ses 42 000 visiteurs durant six mois. Les pièces exposées, issues de neuf siècles d’histoire de l’art, avaient été évacuées vers le sud du Wurtemberg pour les protéger des dommages de la guerre. C’est ainsi que l’exposition put voir le jour. Avec le théâtre, le cinéma et la musique, les Beaux-Arts devinrent l’une des préoccupations majeures de la politique culturelle à Tübingen. La Kunsthalle et son administrateur Gustav Adolf Rieth poursuivaient aussi un but pédagogique. Ils voulaient en particulier familiariser les Allemands avec l’art « dégénéré », qui était auparavant proscrit par les nazis. Il est difficile de dire dans quelle mesure ces efforts payèrent. De nombreux visiteurs se sont probablement sentis un peu dépassés par ces œuvres.

Le Kunstgebäude ferma ses portes en mai 1949. Les ambitieux projets d’ouverture d’une Staatsgalerie à Tübingen avortèrent. Après la réforme monétaire, l’argent se faisait rare. Le nombre de visiteurs recula fortement. En outre, l’université réclamait le bâtiment pour l’institut d’archéologie avec une ardeur croissante. Ce n’est qu’en 1971 qu’un lieu d’exposition pour les Beaux-Arts vit le jour à Tübingen, la Kunsthalle. Aujourd’hui, le bâtiment d’archéologie ancienne contient des salles de séminaires et des bureaux administratifs de l’université.

Lukas Kuhn

Pour plus d’informations

Edgar Lersch, « Das Kulturleben in der Stadt Tübingen vom Zusammenbruch bis zur Währungsreform (1945–1948) », in : Zeitschrift für Württembergische Landesgeschichte 43 (1984), p. 327–354.


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